samedi 26 septembre 2009

Notre rencontre (1/2)

Ceci est un texte écrit à quatre mains il y a longtemps...

Tout est fixe. Il n’y a pas grand chose, à part moi et ma tension. Comment ferais-je autrement ? Dans une telle situation n’importe quelle personne serait sur le qui-vive. Mon appréhension est à l’image de ma position : centrale. Je suis assise, les jambes croisées, au bord d’un lit placé au centre d’une pièce carrée. Il n’y a que ce lit, moi et une vue splendide que l’on peut apprécier par la baie vitrée. Ma physionomie est celle d’une femme au goût raffiné. Mais je sais que ce soir la simplicité de mon allure, si convaincante d’habitude, ne suffira pas à voiler la face d’un visage crispé par l’incontrôlable. Je constate un léger froissement sur ma robe. Après une hésitation je lisse l’étoffe. J’attends. Alors que des centaines de personnes aux alentours accomplissent des obligations plus banales dont le caractère est davantage lié à une utilité matérielle qu’à un besoin distrayant, moi, j’attends. Un homme, que je n’ai jamais vu, va me rendre visite cette nuit dans cet appartement dont le seul mobilier perceptible à mes sens se limite à un lit. Il y a deux semaines que je l’ai rencontré. Voilà deux semaines que j’attends la concrétisation de ce jeu aux allures de tortures langoureuses et interminables. Nous connaissons tous cette situation, désirer quelqu’un et ne pas être satisfait(e) ou bien encore, ne pas le ou la satisfaire. Je saisis alors la signification de l’idée : ne penser à rien, avoir la tête vide. C’est la dernière pensée qui me traverse l’esprit avant d’entendre le son d’une poignée qui tourne. La porte s’ouvre... Le jeu d’ombres et de lumières laisse deviner une silhouette élancée, sûre, masculine. La tension me monte à la gorge. Je me surprends à chaque nouveau souffle de pouvoir encore respirer. Tu entres, fermes la porte, ranges les clés dans ta veste. Il n’y a que la lune qui me laisse deviner tes traits. C’est l’occasion d’effacer l’esquisse que j’avais moi-même ébauchée et d’en établir une véritable. C’est d’abord tes lèvres que je regarde... Normal, c’est à travers elles que tu as fait naître tant d’émois. Tu ne me quittes pas des yeux, t’arrêtant à hauteur du lit. Tu retires ta veste, avec élégance, et ton visage a l’air de se détendre. Je perds mon regard dans le tien. Depuis le temps que j'attends ça. Tes yeux ne me déçoivent pas. Pour l'instant je ne vois qu'eux, ils me fascinent. Comme ils me fascinaient déjà sur les photos. Ils brillent dans la pénombre de cette chambre d'hôtel. Ils me guident vers toi comme un phare guide les bateaux en perdition. Car en perdition je le suis, un peu. Voilà quinze jours que nous discutons, virtuellement. Quinze jours que nous apprenons à nous connaître, nous découvrons, nous chamaillons aussi parfois, mais retombons toujours sur nos pattes. Ce qui n'était au début qu'un échange de messages intrigants, sans but précis, est peu à peu devenu une ébauche de relation, puis un vrai désir de se connaître... dans la réalité. Un désir tellement fort qu'il vous tenaille, vous tient entre ses griffes, et ne vous lâche plus. Mais une angoisse aussi, une peur, celle de ne pas plaire, celle de décevoir - ou d'être déçu -, de s'être imaginé des choses qui s'effaceront une fois l'écran disparu. Alors, toi comme moi, nous sommes venus à ce rendez-vous la peur au ventre. Mais tes yeux me rassurent, et me guident vers toi.

Je m'assoie à tes côtés sur ce lit. Je te sens frémissante, j'ai moi même du mal à ne pas trembler. Tu me fais une place près de toi. Je me calme peu à peu. Te voir, te sentir, t'entendre m'apaisent. Mon coeur ralentit, mes jambes ne tremblent presque plus, mes mains se posent sur le lit, tout près des tiennes. Nous commençons à parler, de toi, de moi, de nous, de tout et de rien. L'ambiance se détend, nous aussi. Je te propose de boire un verre. Tu acceptes. Je vais chercher quelque chose dans le minibar de la chambre. Pendant ce temps, tu te lèves et vas à la fenêtre, regarder Paris sous nos pieds. Il n'est pas encore trop tard, beaucoup de gens sont dans les rues. Ils bougent, vont à un endroit précis, ou ne savent pas du tout où ils vont. Tu les regardes, amusée, comme un enfant observerait une fourmilière et tous ses mouvements. Je te rejoins, te donnes ton verre. Tu me remercies et tandis que je suis derrière toi, collé à toi, tu poses ta tête sur mon épaule. Premier contact de nos corps. Je tremble à nouveau.

(A suivre...)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

La suite ! la suite !...
Sophie.