vendredi 25 décembre 2009

Les vieux

Noel, c'est le jour des enfants. Mais lorsqu'on a pas encore assuré sa descendance, ça peut aussi etre le jour des grands-parents. Mon grand-père et ma grand-mère maternels résident dans une maison de retraite à 10 minutes de chez mes parents, où je suis venu passé quelques jours. Nous sommes donc allés leur rendre visite avec mon frère pour ne pas qu'ils passent cette journée de fete tout seuls. Cela faisait près d'un an que je ne les avais pas vus.

Ma grand-mère, 92 ans, un peu fiévreuse, était alitée. C'est à peine si elle nous a reconnus, c'est à peine si elle pouvait nous parler. Impossible pour elle de se concentrer plus que quelques secondes, elle se contentait de nous regarder, l'air hagard, transparente.
Mon grand-père, 95 ans, installé dans une autre chambre, était en train de dormir. Nous ne l'avons pas réveillé, simplement observé quelques instants. Amaigri, couché en position foetale (!), on aurait presque pu croire qu'il était mort. Il ressemblait plus à un cadavre qu'à un etre vivant. Une vision subjuguante et assez choquante.

Un de mes petits cousins, deux ans et demi, était là également, dans la chambre de ma grand-mère. Quatre générations réunies, c'était émouvant. Mais le contraste n'en était que plus saisissant. Entre ce petit bout de chou plein de joie, gesticulant partout, et ma grand-mère, immobile et silencieuse, quoi de commun ? Il débute sa vie, elle la termine. Il a tout l'avenir devant lui, elle n'est meme plus capable de se souvenir de son passé.

Que peut-on espérer pour eux deux, si ce n'est que cette non-vie touche bientot à sa fin ? Certes, ils ne souffrent pas, c'est déjà ça, mais ils passent leurs journées à ne rien faire, simplement dormir et manger. Ils ne peuvent ni lire, ni regarder la télé, ils peuvent à peine parler, réfléchir et se souvenir. Tout ce qu'ils font, c'est attendre. Attendre que la mort vienne les chercher (les libérer ?), entourés d'autres morts en suspens. Ils sont tristes et ça se voit. Et cette vision déchire le coeur. Je ne supporterais pas d'etre comme ça, je préfèrerais qu'on me pique, ou alors je me suiciderais. Je ne veux pas devenir un vieil impotent incapable de rien faire. Je veux partir avant. Avant de terminer ma vie dans un mouroir. J'aime mes grands-parents, mais c'est horrible à dire, je leur souhaite presque de mourir...

1 commentaire:

'Cile a dit…

je te comprends, je vis un peu la même chose avec un de mes grand-parents, c'est difficile de réussir à établir un contact. et pourtant je suis sure que ça leur fait quelque chose de nous voir...enfin je l'espère.