lundi 5 octobre 2009

Comment ça va ?

Avez-vous déjà essayé de répondre "non" à quelqu'un qui vous demandait comment vous alliez ?
Personnellement, je ne l'ai jamais fait, je suis trop bien élevé. Mais on peut essayer de deviner sa réaction.
Soit il fera semblant de ne pas vous entendre et passera son chemin, ou à autre chose.
Soit il se sentira obligé de demander pourquoi, et vous pourrez alors lui raconter votre vie et tout ce qui ne va pas : l'OM (ou le PSG) a perdu (pour les garçons), vous vous êtes cassé un ongle (pour les filles), ou autres futilités de ce genre...
Bien sûr, parfois nous sommes vraiment dans le malheur, mais ce n'est pas là l'objet de ce post.

Non, ce dont je souhaite parler, c'est de l'interdiction d'aller mal, ou en tout cas de le montrer. Cette question anodine ("Comment ça va ?") résume bien toute l'hypocrisie de nos sociétés, qui se veulent altruistes alors qu'elles sont purement individualistes (on la pose mais on se fout totalement de la réponse, je parle là surtout dans le milieu professionnel). Quel que soit votre état d'esprit, même si ça va mal, vous répondrez que ça va bien. Sauf si c'est un de vos proches, un intime, qui vous pose la question, et encore, peut-être que par pudeur vous n'oserez pas lui dire la vérité.

De nos jours, on va chez son psy comme on va chez le boulanger, on consomme des anti-dépresseurs comme on mange des Fraises Tagada. On va mal et on essaye de se soigner pour aller mieux. Mais surtout on ne doit pas le montrer. La dépression, maladie plus commune que la grippe, est tolérée à condition qu'elle soit cachée. Il est interdit de dire "Non je ne vais pas bien, je suis malheureux, triste, dépressif...". Vous vous imaginez répondre ça à votre collègue de bureau qui vous demande comment ça va ? Il ne vous adressera plus jamais la parole et ira raconter à tout le monde qu'il ne faut surtout pas vous fréquenter (Faites le test la prochaine fois, et n'hésitez pas à venir me raconter ça). Non, pour que tout se passe bien dans le meilleur des mondes, pour que chacun puisse continuer sa vie sans trop se soucier de celle des autres, répondez toujours que vous allez bien!

2 commentaires:

Christelle a dit…

J'ai opté pour les fraises Tagada, zappé les antidépresseurs et quand on me demande si je vais bien, je réponds oui, simplement parce que c'est vrai...

Anonyme a dit…

En effet, je confirme : j'ai récemment eu une journée de merde (mais alors vraiment ! tout qui tourne de travers et qui me hurle d'aller me recoucher vite fait avant qu'il m'arrive une tuile encore plus grosse). Mais bon, comme je suis au boulot, me recoucher est une option qu'il me faut remettre à plus tard (dans environ 7h...), et je lutte donc comme je peux pour avancer dans cette pénible journée. Et bien sûr, tous les collègues que je croise me demandent comment ça va. Invariablement, j'ai répondu non à tout le monde (ce qui n'est pas mon habitude, moi aussi je suis bien élevée, normalement). Et là, un collègue m'a séchée : après m'avoir demandé pourquoi ça n'allait pas, il ne m'a laissé qu'une demi-seconde pour raconter mes malheurs, avant d'embrayer sur la vraie raison de sa venue : me demander un truc.
Moralité : en effet, ça ne sert à rien de dire que ça va pas. Tout le monde s'en tape ! (au moins au boulot)