mercredi 3 février 2010

Adieu papi

Il aurait eu 95 ans dans quatre jours, mais la mort ne le laissera pas fêter son anniversaire. Elle a préféré le rappeler, la nuit dernière, pendant son sommeil. Il s'en est allé, paisiblement, peut-être même au milieu d'un rêve. Il ne se réveillera plus, et c'est sûrement mieux ainsi.

Cela faisait des mois qu'il vivait à peine, que son souffle s'éteignait peu à peu, que la mort le guettait. Je l'avais vu à Noël, endormi dans son lit, recroquevillé comme un foetus, si maigre, si faible, incapable de marcher, de se nourrir seul, de lire. Il attendait, patiemment...

Il sera incinéré le jour de mes 33 ans, étrange hasard. Le jour où je fêterai ma naissance, il disparaîtra à tout jamais de cette planète, sera transformé en poussière. Il nous restera les souvenirs.

Il n'était pas un homme très ouvert, pas vraiment le genre de papi qu'on voit dans les pubs à la télé, mais sans lui je ne serai pas là. Et puis j'ai sûrement hérité de quelques-uns de ses gênes, moi non plus je ne suis pas forcément aisé à aborder, je ne me livre pas facilement. Né pendant la première guerre mondiale, il avait été fait prisonnier durant la seconde. C'est d'ailleurs dans un camp de prisonniers qu'il avait rencontré ma grand-mère, née en Russie. A la fin de la guerre, ils étaient rentrés ensemble en France et s'étaient mariés, juste avant d'avoir ma mère. Une histoire atypique, qui me vaut l'honneur d'avoir quelques gouttes de sang sibérien dans mes veines, ce dont je suis fier.

Il s'appelait Jean et il était mon grand-père. Repose en paix papi.

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