C'est l'histoire d'un mec, Benjamin Esposito, ancien greffier en Argentine désormais à la retraite. Vingt-cinq ans plus tôt, il a enquêté sur le viol et le meurtre d'une jeune femme, et il commence l'écriture d'un roman relatant ce drame qui a bouleversé sa vie. A force de chercher dans ses souvenirs, il va faire ressurgir des fantômes du passé et remettre en cause son existence et celle d'une femme qu'il a profondément aimée.
Il est assez rare de voir des films argentins programmés dans les salles françaises, alors quand c'est le cas, autant tenter sa chance. Et lorsqu'en plus ils nous envoient ce qui se fait de mieux chez eux, ça devient presque une obligation morale de se bouger les fesses. "Dans ses yeux" est le film qui a récolté l'oscar du meilleur film étranger que nous autres Français voyions déjà dans la besace du "Prophète". Et pour avoir vu les deux films, je peux vous dire que le vote a dû être serré.
Dans ses yeux contient tout ce qui me fait adorer le cinéma : un scénario fouillé et précis sans être trop alambiqué ; des personnages forts et charismatiques ; un excellent casting et une interprétation idoine ; une musique envoûtante sans être omniprésente ; une mise en scène soignée. Son seul petit défaut : peut-être 15 minutes de trop. Mais son plus bel atout : il raconte une histoire, tout simplement. Et comme un bon roman vous transporte de sa première à sa dernière page, ce film vous prend avec lui par le bras dès les premières images pour ne vous lâcher que 2h15 plus tard, la gorge serrée d'émotions et les larmes aux yeux. Entre temps, il vous a baladé à travers les méandres de la mémoire d'un homme qui essaye de reconstituer le fil d'un drame qui a changé sa vie 25 années plus tôt.
Car c'est là tout l'intérêt de ce scénario, qui mélange également la petite et la grande histoire en s'interrogeant sur le régime de Peron qui a sévi dans les années 70 : on ne sait jamais si ce que l'on nous raconte est la vérité ou bien les souvenirs du héros qui essaye de recomposer un puzzle pour écrire son roman. Cette hésitation permanente permet au spectateur d'être totalement impliqué dans le récit, de suivre les tribulations d'Esposito comme si nous étions à ses côtés. Et puis, cerise sur le gâteau, il y a en filigrane cette poignante histoire d'un amour inavoué mais peut-être pas impossible... En somme, un grand moment de cinéma, dont il ne faut surtout pas se priver.
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